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17 août 2016

La troisième guerre mondiale à la maison

ou Quand Madame "découvre"




Ce texte sera un peu long, mais impossible de le couper en plusieurs morceaux, il y perdrait tout son sens.


 à tous les soumis qui se cachent.




Hier, un des soumis avec qui j'échange régulièrement par mails depuis quelques semaines, m'a raconté que sa compagne est tombée sur un carton dans lequel il cachait un Plug et un bâillon-boule.
Pour reprendre ses propres mots, cela a provoqué "la troisième guerre mondiale" , il a eu droit à tout "entre perversion et homosexualité", "elle [l']a pris pour un dingue".

J'ai eu de la peine pour lui.

Je ne me permettrais pas de juger cette femme.
D'ailleurs, comment aurais-je, moi-même, réagi si j'avais fait une telle découverte lorsque je vivais en couple?...
Bon, oui, me prendre comme référence n'est peut-être pas la meilleure des idées, car me connaissant, cela m'aurait incitée à ouvrir une discussion avec mon conjoint... Mais comme je le dis, je ne suis pas une référence, en matière de sexualité j'ai toujours eu l'esprit très ouvert, curieux et explorateur....
Chacun, chacune, fait avec son éducation et avec son vécu.

Ah! maudite éducation et maudite bienséance qui font que les cheveux des parents se dressent sur la tète lorsqu'ils surprennent leur bambin en train de jouer avec sa "zigounette" ou à jouer à "touche pipi" avec la petite voisine ...
Le petit garçon ne doit pas jouer avec son "petit tuyau", mais en même temps , on offre (et, tant qu'à faire, aussi à la petite voisine) des sucettes... Non mais franchement, vous voyez la logique, vous? Attention parents, la sucette ( et je vous dis pas le bâton de sucre d'orge) s'est phallique!... On apprend à sucer dès notre plus jeune âge et en plus on adore ça (même les petits garçons!)... Shocking! Interdisons tout de suite la vente de sucettes! (prévoir aussi l'interdiction de la tétine...)
Bon, bien entendu j’exagère... quoique....
Je dis juste que dès notre plus jeune âge, la découverte de notre corps et de notre sensualité est un besoin vital, inscrit en nous. Saviez-vous que même un bébé dans son berceau se touche? C'est   N A T U R E L !
Et bien "non", "pas le droit", "pas touche" , "c'est pas bien", "il ne faut pas faire ça"! Voilà ce que l'éducation nous inculque.

Je me souviens encore de cette fois, je devais avoir 6-7 ans, où j'ai surpris ma grand-mère passant, nue, de la salle de bain à sa chambre. Je vous dis pas la tête qu'elle a faite, elle était catastrophée. J'ai alors eu le sentiment d'avoir commis quelque chose de grave.
Mais en fait, si on y réfléchit, où était mon crime? Me souviendrai-je encore de cette scène si elle n'avait pas eu cette réaction et si elle s'’était comportée comme si cela était naturel? Personnellement, je ne le pense pas.

Donc, depuis quelques siècles et sous l'influence des religions monothéistes, notre éducation tend à faire de nous des êtres plus ou moins coincés avec notre corps, notre sensualité et par conséquent notre sexualité.
Et que, à moins d'avoir rencontré des personnes qui ont su nous apprendre à apprivoiser et accepter notre sensualité ou à moins d'avoir une nature "supra-sensuelle" (pour faire référence à ce cher Leopold von Sacher-Masoch), tout est fait pour limiter notre approche de la sexualité.

Sur ce point donc, l’éducation ferme des portes, mais également sur un autre: être un garçon! 
Qu'est ce qu'être un garçon (et plus tard un homme)?
Un garçon c'est fort. Un garçon ça ne pleure pas. Un garçon, c'est pas une fille (limite sous-entendu que c'est mieux qu'une fille).
Impensable donc d'imaginer un homme, à genoux devant une femme à lui lécher les pieds et /ou à la vénérer.
Impensable de supposer qu'il puisse avoir envie d’être la chose d'une femme.
Ne parlons même pas d'une envie quelconque de ressembler à une femme en portant des sous-vêtements en dentelle et autres tenues féminines.

Un homme c'est viril, pas une "tapette".
Impensable que son anus puisse être source de plaisir. S'il prend du plaisir par là c'est forcement un "pédé".
Foutaises!
Et quelque chose me dit que, sur ce point, ce sont souvent les hommes qui sont le plus réac' , trop apeurés d’être pris pour ce qu'ils ne sont pas. Mais messieurs, je me permets de vous rappeler que l'anus, que ce soit chez l'homme comme chez la femme, est exactement le même sur le plan anatomique et que si vous présupposez du plaisir d'une femme (ou pas, pour certaines) à être possédée par cette porte, pourquoi n'en serait-il pas de même pour vous?! Et qu'il n'est nul besoin d'être homosexuel pour que cet organe vous fasse prendre votre pied! Si si je vous jure, essayez de le chatouiller du bout des doigts quand vous êtes sous la douche et vous verrez que je ne vous mens pas...

Cependant, je n'accuse pas que l'éducation, mais aussi les femmes de véhiculer ces archétypes sur l'image de l'homme. Bien que prétendument libérées, beaucoup cherchent encore auprès de leur conjoint leur beau prince charmant fort et courageux. Non mais franchement Mesdames, vous croyez vraiment que Madame cro-magnon, quand son homme était à la chasse, n’était pas fichu de prendre une laisse- zut, je voulais dire "une LANCE" (lapsus de Dominatrice)- pour défendre la grotte contre l'attaque d'un tigre à dents de sabre? Vous voulez assumer cette part de force que la nature vous à donner, vous la revendiquez même! Alors pourquoi ne permettez-vous pas à vos hommes d'assumer leur part de sensualité, leur sensibilité, et j'ose le dire, leur fragilité? Ah! si, je vois! il peut être sensuel quand il s'agit de vous câliner; sensible, quand il s'agit de vous comprendre; mais pour lui et envers lui, ça, c'est pas normal... Non mais vraiment, vous trouvez ça logique?...

L'autre point qui peut faire péter un câble à un conjoint qui découvre les penchants BDSM de celui qui partage ces nuits, c'est cette histoire de douleur qui y est toujours associée.
Alors tout d'abord, précisons une chose, toutes les pratiques BDSM n'impliquent pas forcement la douleur.
Ensuite quand il y a douleur, elle est CONSENTIE et c'est là toute la différence!
Prenons un exemple que chacun peut comprendre, en comparant un viol et un acte sexuel consensuel. Biologiquement, il s'agit dans les deux cas, de la pénétration par un sexe masculin du sexe féminin donc exactement du même acte physique. Mais là où est toute la différence, c'est que l'un est forcé et l'autre consenti.
Et bien avec la douleur c'est pareil: un soumis ne tolérera pas d'être tabassé par un loubard dans la rue, mais adorera recevoir des claques par sa Maîtresse. L'un est contraint, l'autre est consenti.

Alors vous pourrez aussi me dire, prendre du plaisir dans la douleur c'est bizarre. En fait pas tant que cela, du moins sur le plan biologique. En effet, la douleur entraîne toujours dans le corps la sécrétion d'une hormone, l'endorphine. Cette hormone, dans ce cas précis, a pour but de rendre supportable la douleur et apporte détente et bien être en compensation. Et bien cette hormone, c'est aussi celle que notre cerveau secrète quand nous faisons du sport, quand nous rions et plus généralement aussi quand nous prenons du plaisir à une activité physique intense... Oui, oui, cette hormone c'est exactement celle qui fait que nous nous sentons si bien, si détendus, quand nous prenons notre pied!
Donc, finalement, plus si bizarre que ça de prendre du plaisir à être cravaché, surtout quand c'est par une femme sublime. Car bien sur dans le BDSM, tout est aussi question d'érotisation (ce qui n’induit pas forcément sexe, mais il s’agit là d’un autre sujet). L'érotisation c'est quoi? Et bien encore un exemple qui vous parlera Mesdames, imaginez que vous vous êtes fait une belle entorse de la cheville et que vous ayez des séances de kiné à faire. Maintenant imaginez que le kiné est un vieux machin tout dégoûtant. Pas glamour n'est ce pas? Maintenant imaginez que le kiné est l'homme de vos fantasmes... vous le voyez là? bien.. alors maintenant à votre avis, avec lequel vos séances de kiné seront le plus supportables? Avec le vieux dégoûtant ou sous les mains de l’Apollon de vos rêves? Voilà, vous savez maintenant ce que l'on appelle érotisation...

J’en reviens finalement à "mon" soumis d’hier.
Comme je l’ai dit au début,oui, vraiment j’ai eu de la peine pour lui; comme j'en ai pour tous ceux qui se cachent de leur conjointe.
Car, voyez-vous, ce qui fait que je respecte les soumis (bien plus au fond que de prétendus mâles) c’est une chose très simple : ils s’assument. Dans un monde, une société, où il est tant attendu d’eux, ils osent reconnaître cette part en eux, cette part si intime. Et pour cela, je les respecte et leur tire mon chapeau.

Alors Mesdames, si un jour vous découvrez que votre mari est un soumis, soyez ouvertes et à l’écoute. Je ne vous demande pas d’aimer ce que vous entendez ni même de foncer vous acheter une cravache (sauf si cela correspond à votre fantasme inavoué jusque-là) mais d’être au moins tolérantes. Et puis, même si vous n’adhérez pas à toutes les pratiques du BDSM, je vous garantis qu’il y a quelques avantages à avoir un mari soumis qui a le droit de le vivre: plus de chaussettes qui traînent par-terre, le dentifrice toujours bien rebouché, un massage quand vous en avez envie, etc...
Et en plus, une étude récente à démontrer que les adeptes du BDSM étaient moins névrosés et mieux dans leur peau que les autres... le miracle de réaliser ses fantasmes...


En écrivant ce texte, je me suis interrogée: si une femme déclenche au foyer une troisième guerre mondiale, quand elle découvre que son mari est un soumis, comment réagit un homme à qui sa femme avouerait un désir de soumission? Question purement rhétorique, vous l’aviez compris, car pour l’homme je suppose que, lui, il se croirait arrivé au paradis.


Lady Agnès



[Note de Lady: N'hésitez pas à laisser vos commentaires et pour compléter cette lecture allez voir dans la documentation "Les adeptes du BDSM: une âme saine dans un corps fouetté?" et "24 choses que « Cinquante nuances de Grey » ne vous apprendra pas sur le BDSM" ]