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13 mai 2019

Les Dominant(e)s: blocs de marbre, coquilles vides ou êtres humains


Depuis que j'ai créé un compte sur un réseau social bien connu, je publie, j’échange mais surtout je lis et j'observe les publications et commentaires sur des groupes dédiés au BDSM.
[La masse étant parfois considérable et mon temps n’étant, lui, pas extensible, je ne lis pas toutes mes notifications et ne commente sans doute pas suffisamment au goût des administrateurs de ces groupes, mais comme j'essaie de le faire comprendre mon temps n'est pas extensible et je privilégie la vie réelle, sans compter que je pars aussi du principe qui dit que "quand on a rien à dire, autant se taire".]

Donc ...

Dans mes lectures, je suis tombée plus d'une fois sur des posts de soumises (désolée, messieurs les soumis si je ne vous cite pas mais il faut dire que vous ne vous épanchez pas beaucoup sur la toile sauf quand vous vous plaignez des "vilaines" Dominas qui ne veulent pas de vous) perdues loin de leur Maître ou blessées après une séparation (je développerai peut être un jour ce que peut m'inspirer le contenu de certains de ces posts).

Cependant, je ne me souviens pas avoir vu (après, comme je l'ai dit je n’épluche pas tout non plus) passer des posts de Dom avouant le manque de leur soumise, la blessure d'une séparation ou même déclarer leur attachement. C'est d'ailleurs rare de voir l'un de ceux qui a exigé de sa soumise des hommages quotidiens sur la toile, la féliciter, la remercier et encore moins lui rendre hommage pour son obéissance dévouée.
Que faut-il en penser? 



Alors oui, n'attendons pas que les hommes Dom s'expriment sur leurs sentiments, car on le sait ce n'est pas la spécialité de la gent masculine. Mais tout de même, ils savent bien (ou devraient savoir) que les femmes, et je ne doute pas que pour  les soumises se soient encore plus important, ont besoin de se sentir "choyées", appréciées pour ne pas dire aimées, qu'elles ont besoin d'entendre certains mots. Mais j'ai remarqué que du coté des femmes Dominantes il y a également une retenue, tout au mieux peut-on lire des mots où l’émotion semble contenue.

Ces observations m'interpellent: les Dom sont-ils des êtres insensibles? Est-ce une image qu'ils se donnent? Une réalité?

Est-ce une volonté de ne pas trop en dire sur la toile? Est-ce une pudeur des sentiments? 
Est-ce parce qu'ils considèrent que d’être Dom n'est pas compatible avec le fait de montrer, de dire ses émotions, ses sentiments? Et dans ce cas, pourquoi? Pensent-ils que c'est ce que les soumis attendent , un être froid et distant? Est-ce pour coller à l'image qu'ils se font des Dom? Ont-ils peur de perdre leur crédibilité s'ils osent montrer ce qu'ils ressentent?
Les Dom sont-ils tellement dans le contrôle que cela les rend incapables d'exprimer leurs émotions/sentiments?
Ou plus basiquement, est-ce parce que leurs soumis(e)s ne leur inspirent pas d'émotions autres que leur propre plaisir?


Je l'avoue, moi-même, j'ai cette retenue sur la toile...
Tout d'abord et sans aucun doute parce que je ne suis pas de la "génération" réseaux sociaux. Je n'ai donc pas passé mon adolescence à étaler mes états d’âme sur internet. Alors oui, parfois (souvent même), vous pouvez lire mes coups de gueule et là, oui, on peut dire que je n’hésite pas à le dire bien fort en public, mais comprenez... parfois certaines choses gonflent tellement que cela déborde💣.
Pour ce qui est de la partie plus "sensible" de mes émotions, je dois avouer que c'est un mélange de plein de choses: beaucoup de pudeur mais aussi pas envie de montrer à n'importe qui certaines choses.
Ceux qui me suivent depuis le début de ce blog ont pu constater une petite évolution: au départ je vous parlais comme une Domina (mais pas non plus comme ces furies qui insultent à tour de bras ou celles qui jouent les Déesses suprêmes et inaccessibles) mais j'ai mis beaucoup de temps à vous laisser deviner un peu la femme que je suis. Si je me souviens bien cela à commencer par ma version d'une session avec Clara, puis par un article-portrait en ombres et lumière...
Quant à dire ce que m'inspirent mes soumis et plus particulièrement certains que j'ai connus ou connais encore, eh bien je le reconnais, je suis assez peu loquace sur le sujet. Je parle de tendresse et le mieux que j'ai fait aura été de publier une mini-vidéo avec un simple "je n'oublierai jamais". 

Pudeur, discrétion ou crainte de paraître moins Dominante? sans doute un mélange d'un peu tout cela... Sans doute aussi parce que cela fait tout simplement partie de mon tempérament... 

Pourquoi est -il si simple de s'assumer pleinement Femme Dominatrice et si peu aisé de reconnaître que j'ai aussi des émotions, des sentiments et parfois même des blessures comme tout le monde? C'est pourtant la réalité... Zut! cet aveu va casser l'image !!!! 
Et si cela ne vous convient pas, si cela ne colle pas avec l'idée que vous vous faites d'une Femme Dominante, eh bien: tant pis pour vous et passez votre chemin !!


Lady Agnès


5 mai 2019

Le SAFEWORD


[ NB : Dans cet article, je vais dire "Top" pour décrire celui qui reçoit le pouvoir (Dominant(e), Maître(sse), cordeur(se) ou juste « sadique » et  "bottom" pour celui qui remet le pouvoir (soumis(e), esclave, encordé(e), masochiste)]

Comment, alors que depuis le début de ce blog je vous « bassine » avec la sécurité et la responsabilité, ai-je pu oublier de vous parler du Safeword ?

Le Safeword ou « mot d’alerte / de sécurité» est pourtant à mes yeux un des éléments clé de toute relation BDSM : il est le garant que tout ce qui est accepté/ vécu l’est dans le consentement car il permet au bottom d’alerter le Top qu’il souhaite que le « jeu » en cours cesse.

Il s’agit d’un mot (ou d’un signal en cas d’impossibilité du bottom de parler) qui doit être choisi avant toute pratique (lorsque le Top et le bottom sont partenaires de jeu dans le cadre d’une relation suivie, il est choisi une fois pour toute en début de relation).
L’idéal étant de choisir un mot simple mais surtout que l’on n’utiliserait jamais pendant un moment de jeu, donc sans lien avec le contexte.
Simple, car « anticonstitutionnellement » eh bien c’est pas de la tarte à prononcer.
Hors contexte, afin qu’il soit évident qu’il n’est pas prononcé par réflexe ou par jeu, je m’explique : si le BDSM est basé sur le consentement, certaines situations / pratiques peuvent parfois induire chez le bottom des « non », « pitié », « stop » sans que cela signifie pour autant qu’il souhaite que cela cesse. Oui, je sais, un « non » est un « non » ! Et pourtant, parfois…

Prenons un exemple « gentillet » qui rendra tout ceci plus clair : une session de chatouilles… sous l’intensité des sensations éprouvées des mots comme « pitié » « stop » peuvent échapper au bottom mais ne pas forcement signifier qu’il souhaite que cela cesse ou qu’il a véritablement atteint la limite de ce qu’il peut supporter, par contre si il dit « soupière » (et si c’est le mot que vous avez choisi ensemble) là, il est très clair qu’il faut arrêter !

Le Safeword est donc prononcé par le bottom pour signifier que quelque chose ne va pas au Top : que ce soit parce que la pratique a cet instant est vécu comme trop pénible (soit physiquement soit psychologiquement) ou que ce soit pour avertir d’un « inconfort » qui le distrait de ce qui est vécu (forte envie d’uriner, etc..) et/ou qui peut mettre en danger sa santé (malaise, liens trop serrés-douloureux etc.).
Lorsque le Safeword est prononcé, le Top DOIT interrompre le jeu immédiatement et s’enquérir de ce qui se passe pour agir en conséquence.

Cependant, il peut arriver qu’un bottom ne puisse physiquement pas prononcer son Safeword, non pas parce que vous l’avez bâillonné car là en théorie vous avez prévu un autre signal d’alerte, mais soit parce qu’il n’est plus en état de « réfléchir » et/ ou de se rendre compte qu’il peut se mettre en danger si la pratique se poursuit soit parce que le malaise physique est déjà arrivé.
Le deuxième cas est le plus « simple », là le Top est sensé s'en rendre compte et immédiatement arrêter et réagir.
Pour le premier, là cela peut être plus compliqué. En effet, bien que le bottom ait la possibilité de dire de tout arrêter, cela ne dédouane absolument pas le Top d’être vigilant et de savoir observer avec soin le bottom tout du long de la pratique et de mettre lui-même fin à la pratique si il estime que cela peut mettre le bottom en grande difficulté / en danger.
Voici un exemple : lorsque je flagelle quelqu’un, j’observe les réactions du corps, de la peau, de la respiration mais aussi je demande régulièrement à la personne si elle « va bien ». Un jour, l’une de mes « victimes » après plusieurs « ok » ne m’a plus répondu (non non je vous rassure il n’était pas mort mais juste en plein subspace)… Ce jour-là, l’envie de flageller était chez moi très forte et je l’avais d’ailleurs convoqué pour satisfaire cette envie… pourtant, et bien que mon envie n’était pas du tout rassasiée à ce moment, j’ai considéré que puisqu’il n’était plus en état de me répondre, il aurait été inconscient de ma part de poursuivre. D’une part, cela ne lui aurait rien apporté de plus et d’autre part, parce que selon l’ustensile utilisé j’aurai pu le blesser sans m’en rendre compte et sans que lui non plus ne s’en rende compte puisque le corps baigné par les endorphines.

Je finirai sur une remarque très personnelle, certains vous diront que d’utiliser un Safeword peut être dangereux car cela semble dédouaner certains Top de la vigilance de base et que, par conséquent, le Safeword ne sert à rien et que c’est au Top de faire attention, de savoir quand s’arrêter. Je suis profondément contre cette vision ! Dire que la responsabilité ne doit reposer QUE sur le Top et que ce n'est QUE au Top de savoir s’arrêter à temps, c’est imaginer que le Top est un être parfait qui ne commet jamais d’erreur. A mes yeux, il s’agit d’une aberration ! Le Top est et reste un être humain, avec ces forces mais aussi ses faiblesses, l’être humain est, par essence, faillible. Et les Top qui iraient prétendre le contraire sont selon moi des orgueilleux dangereux ! Et les bottom qui le penseraient, des inconscients tout aussi dangereux, pour eux-même mais aussi pour les Tops qui les acceptent !
Donc, de mon point de vue, le Safeword est et restera toujours la sécurité ultime et indispensable, il rappelle aussi que la responsabilité est des DEUX côtés.

Voici pour les bases du concept de Safeword.


Je pourrais développer aussi tout ce qui va autours de ce concept, mais d’autres l’ont très bien fait, je ne vois donc pas l’utilité de faire de redite…

Un premier document va vous permettre d'approfondir un peu le sujet... entre autres avec les notions de "goword" et de "slowword".


Lady Agnès